Jour 14 samedi 8 juillet 1989

Il fait gris, et nous faisons quelques courses avant le départ. On prend à nouveau le bac (NB : il y a depuis 1999 un tunnel sous-marin pour se rendre à Honningsvåg, plus besoin de prendre le bac). On a rencontré un certain nombre de rennes aujourd’hui, avec de grands bois et des couleurs variées (beiges, gris, blancs), appartenant sans doute à un camp lapon d’été du coin.

A notre arrivée à Honningsvåg, nous déjeunons dans une cafétéria assez sympa. On essaie en vain de se faire rembourser la moitié de notre ticket de bac, car on nous a fait payer l’aller-retour alors que nous allons repartir en Express côtier, mais rien n’y fait, ils sont intraitables. Pfff.

C’est parti pour le dernier trajet vers le Cap Nord, le bout du bout du continent. On repère le camping en passant. On croise un enfant lapon à vélo, en costume superbe. Et on arrive enfin. 80 NOK par personne pour accéder au site… Il y a beaucoup de monde, des cars entiers. Le paysage est beau, mieux que ce que je pensais , car la côte est très découpée, et on voit les falaises. Beaucoup de vent.

 Et il y a le Centre pour touristes, incroyablement grand et moderne, avec cafétéria, snack, café-bar, souvenirs (chers), une poste surchargée de travail, et un tunnel présentant trois scène reconstituées de voyages au Cap Nord. Enfin, il a surtout la seule chose intéressante : une salle de cinéma présentant en boucle un film (assez court) sur les saisons au Cap Nord, projeté sur 5 écrans contigus formant une sorte de panoramique.

On décide d’aller établir notre tente au camping repéré en chemin (très cher lui aussi), et de revenir pour le soleil de minuit. Là, il y a encore plus de monde ! dont un car d’aveyronnais, tiens. Le soleil, au plus bas à minuit vingt exactement… est encore très haut ! Du coup, ce n’est pas hyper impressionnant (tant qu’on ne regarde pas sa montre). Enfin bon, j’avoue, c’est quand même pas mal du tout 😉 . Tout le monde prend des myriades de photos.

On retourne se coucher au camping, plein à craquer lui aussi. La cuisine, ses 4 plaques de cuisson et ses 16 places assises, sont prises d’assaut, et c’est la première fois qu’on voit ça. C’est pas trop notre truc…

Jour 15

Ce matin, réveil à 5h et pliage rapide de la tente, car nous devons aller prendre le bateau à Honningsvåg. Sur le quai, 3 personnes dorment dans leur sac de couchage. On discuter avec un cycliste lyonnais qui arrive d’Helsinki (!) et qui a déjà fait l’Islande, la Grèce et le Canada en vélo. Carrément.

Le mythique Express côtier arrive avec plus d’une heure de retard. Il est tout petit ! Il n’a pas de soute à voiture, et la nôtre doit être embarquée sur le pont, via une grue qui la soulève du quai. Il y a une petite dizaine de voitures ainsi parquées sur le pont du bateau, c’est très folklorique et impressionnant. La seule fois où on verra notre voiture d’en dessous ! (Note de 2014 : ce modèle avec voitures sur le pont n’est plus en fonction depuis pas mal d’années maintenant… mais le modèle de bateau devait être celui du MS Lofoten, actuellement le plus ancien navire de la flotte, construit en 1964 , et le seul qui ne transporte désormais aucune voiture)

Nous visitons le bateau : c’est rapide, vu sa taille ! On prend un petit-déjeuner sommaire dans notre cabine et on se couche car on est crevés. On réapparaît vers 13h !

Nous allons passer 4 jours à bord de l’Express côtier, le Hurtigruten, pour n’en descendre qu’à Molde, entre Trondheim et Ålesund. Cela nous permet de faire une pause au milieu du voyage, de profiter des côtes norvégiennes autrement, et de ne pas refaire la même route E6 dans l’autre sens. Une petite mini-croisière, c’est sympa aussi ! Le principe de cette ligne maritime est d’effectuer le trajet aller-retour Bergen-Kirkenes en 11 jours, tous les jours. Les horaires des 34 étapes sont fixes. On peut monter ou descendre du bateau à n’importe quelle étape (mais il faut réserver à l’avance, surtout si on a une voiture).

Il faut cependant avouer que je ne vais pas avoir à raconter grand chose pendant ces 4 jours, passés à regarder défiler les côtes, et à jouer aux cartes. Je crois que je préfère quand même la route, où on peut faire des détours, des pauses, etc. Mais cela reste un souvenir très agréable, même si certains passages nauséeux (petit bateau oblige) n’étaient pas top.

Jour 16

Le matin, nous profitons du buffet petit-déjeuner servi sur le bateau. Celui-ci ne coûte que 45 NOK, alors que c’est un énorme buffet à la scandinave, plein de fromages, charcuteries et poissons. Nous allons donc nous goinfrer tous les matins ! Oui, le saumon et le hareng au petit-déjeuner, cela ne nous effraie pas du tout. Avec ça, on est calés jusqu’à l’après-midi. Quelques biscuits et wasa pour le goûter, et on prend une soupe du jour, le soir, pas chère et consistante.

Ce matin, nous sommes déjà à Harstad, aux îles Vesterålen. Le trajet du jour va donc traverser ces îles et les Lofoten. Comme lors de notre passage aller, le temps est splendide. C’est juste magnifique, tout ça. C’est vraiment un endroit fantastique pour emprunter l’Express. Le bateau passe dans le Raftsund qui sépare les deux groupes d’îles, puis fait une incursion impressionnante dans le Trollfjord (héhé, à l’époque je n’avais pas encore créé ce site… ), très très étroit. Le demi-tour dans le bout du fjord vaut le détour. Et pourtant, ils le font désormais avec des bateaux plus gros !  Ils sont fous, ces norvégiens.

Nous passons donc toute la journée sur le pont supérieur, avec tous les autres passagers d’ailleurs. C’est la razzia sur les fauteuils. Çà bouquine dur sur le pont, au soleil !

Ce soir, c’est soupe aux épinards, absolument délicieuse.  On se couche tôt, car en fait, on est crevés !

Jour 17

On a carrément passé une heure à table pour le frokost (le petit-déjeuner). On va se faire repérer !

Le temps est redevenu gris, et la journée passe assez mornement, finalement. A un moment, tout le monde est parti se précipiter pour voir des gros rochers. On n’a rien compris à ce qu’a dit le speaker, comme d’habitude. On le soupçonne de manger en parlant, c’est pas possible d’articuler aussi mal. Mais au bout d’un moment, on a pu voir le centre d’intérêt général : un rocher troué !

Je n’ai même pas de photo de ce rocher… (qui, après recherche, doit être Torghatten).

La soupe du soir est un bouillon au concombre, ah non alors, c’est pas bon ça ! Décidément une journée un peu décevante.

Jour 18

Ce matin, le speaker fou a encore sévi, on n’a encore rien compris à ce qu’il a annoncé pour 8h. On est à quai à Trondheim. On rencontre une mémé qui se balade dans le couloir avec son gilet de sauvetage. Mais que se passe-t’il ?? Finalement, au deuxième passage du speaker, on comprend qu’il se passe un exercice d’entraînement pour l’équipage. En route pour notre frokost chéri, on croise un scaphandrier en tenue complète. Çà fait bizarre, quand même.

Tout le monde déserte le bateau, et on peut aller squatter une place près des fenêtres avec nos jeux de cartes. Mais ça tangue beaucoup aujourd’hui, et doit régulièrement aller prendre un peu l’air frais…

Allez, une dernière douche à bord, une petite sieste, et nous voilà arrivés à Molde. Quelle joie de retrouver notre tente et nos vêtements polaires de nuit !

Dépenses : non notées ! A bord du bateau, on ne dépense que nos petits-déjeuners et soupes. On avait réservé notre bateau en France depuis plusieurs mois, bien sûr (surtout avec le peu de places pour voiture qu’il y a).

Pour tout savoir sur le Hurtigruten : la page Wikipedia est bien fournie ! Quel dommage que je n’ai pas pris plus de photos du bateau lors de notre voyage. Je n’ai même pas noté comment il s’appelait… Il faudrait que je fouilles mes caisses à souvenirs pour retrouver des papiers de réservation, peut-être.

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